Félix

Cher Amour,

Ma mère m'a toujours dit que les lettres étaient magiques. C'est pourquoi je communique grâce à elles, par delà l’au-delà avec toi. Tu dois sans me détester depuis le soir de ton assassinat mais, je te prie Félix de lire cette lettre jusqu'au bout en essayant d'oublier ton dégoût.

Cela faisait trois mois et onze jours que nous sortions ensemble. Tu as été mon premier et unique amour. Un véritable coup de foudre, même s'il m'a fallu cinq ans pour t'avouer mes sentiments. Je passais mes journées à te dévorer des yeux, je pourrais retracer les traits de ton visage au détail près, mais mes piètres talents de dessinateur ne ferait que t’enlaidir. Je n'ai toujours pas compris comment tu faisais pour ne jamais sentir mon regard. Il faut dire que je n'étais pas très discrète, mes maies avaient déjà découvert la passion qui ne cessait de brûler dans mon cœur et s'amusaient à me taquiner. Enfin bon...

Cela faisait trois mois et onze jours que nous sortions ensemble disais-je, quand je reçus une lettre. L’enveloppe était noire comme de l'encre de chine. Il n'y avait pas de cachet de poste. A l'intérieur, une adresse e-mail et un mot de passe étaient accompagnés de consignes :« Bonjour, petite Soulions, vas sur smn.com et connecte-toi grâce à l'adresse e-mail et le mot de passe ci-joints. Regarde ensuite ta boite de réception et suis les consignes qui te seront données. » La note avait été tapée à l'ordinateur, ce qui m’empêchait de connaître l'écriture de mon correspondant. Je ne t'ai jamais parlé de cette lettre, car je pensais que c'était une farce d'écolier, du moins au début. Comme tu le sais, je suis curieuse aussi je ne pus m’empêcher d'aller faire un tour sur cette mystérieuse boite mail.

Il y avait bien un message. Celui-ci expliquer que la honteuse Horde Noire retenait Julie, ma petite sœur de six ans en otage. Une photo d'elle, sur une chaise, bâillonnée et ligotée était jointe. Elle portait sa ravissante robe rose, des collants noirs, des bottes noirs et deux couettes encadraient son visage enfantin. Son écharpe blanche était tachée de boue, un revolver était posé sur sa tempe. Pourtant, elle souriait derrière son bâillon. Julie a toujours adoré les photos, une véritables obsession. Mais une légère lueur de peur se reflétait dans ses yeux. Ce cliché me fit pleurer. Le message expliquait ce qu'il fallait que je fasse pour la retrouver.

Je devais intégrer la Horde Noire. La redoutable bande d’assassins « gentleman ». Leur slogan est : « Tuons nos ennemis mais aussi leurs femmes et enfants pour qu'ils ne souffrent pas. ». Ils agissent la nuit, se faufile par les fenêtres et ôtent la vie de leur adversaire puis de sa famille. Quelque fois, ils dérobent des objets de valeur ou des documents compromettants.

Tu dois sûrement te demander pourquoi je te parle de tout ça. Patience, tu comprendras plus tard.

Le deux février, dans la froideur de la nuit,je me rendis à notre lieu de rendez-vous. Une ombre masquée et recouverte d'une cape noire me tendis une fiole après avoir vérifié mon identité.

Lorsqu'elle parla, sa voix était... Je ne saurais pas la décrire, à la fois grave et aiguë, douce et glaciale... Ce qui me troubla le plus fut que je ne savais pas si je m'adressais à un homme ou une femme. Ce que dit l'ombre ce jour-là est resté gravé dans ma mémoire :

« -Petite Soulions, si tu veux faire partie de notre splendide association tu devras faire un exploit. Il te demandera du sang-froid, de l'abnégation et du courage. Possèdes-tu ces capacités ?

-...

-Alors ?

-... »

J'étais tellement obnubilé par sa voix que je n'avais rien écouté... Il m'arrivait la même chose avec toi, pendant que tu parlais, je te contemplais et plus rien n'avait d'importance. Tu me grondais souvent pour mon « manque de sérieux ». Tu me manques tellement...

Enfin bref... Je demandai à l'ombre de répéter ce qu'elle prit très mal.

« -Tu ne comprends pas petite Soulions ? Veux-tu revoir ta sœur ?

-Bien sûr !

-Alors tu dois te décider à tuer, à l'aide du poison Martinom contenu dans cette fiole, une personne qui en sait trop sur toi. Tu dois supprimer ton cher Félix. »

Il (ou elle?) est parti après avoir froidement et dédaigneusement dit ton prénom. J'ai cru que le monde s'écroulait. Crois-moi, je me suis pincé au sang pour me réveiller de ce cauchemar qui n'en était pas un.

La semaine qui a suivi je l'ai passée enfermée dans ma chambre à réfléchir, à peser le pour et le contre. Tu m’envoyais des sms inquiets mais je n'avais pas assez de force pour y répondre. Je me sentais mal. J'étais au plus bas et les seuls personnes qui pouvaient m'aider avaient l'épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Ces saletés d' Horde Noire m'ont envoyé une seconde photo de Julie.

J'ai alors fait mon choix.

Tu m'as envoyé un sms me demandant si j'étais toujours ta cavalière pour samedi soir, au bal organisé par la fac. Je me suis empressée de répondre par l'affirmative, avec tout plein de cœurs, m'excusant de ne pas avoir répondu avant, prétextant une perte de téléphone. J'accompagnais mes messages de smiley, mais seule dans ma chambre, je pleurais.

Le samedi arriva bien trop vite à mon goût. Tu rayonnais sur la piste de danse et bien des filles tentèrent de te séduire. Chaque refus, chaque regard dans ma direction, chacun de tes gestes m'enfonçaient un coup de poignard en plein cœur. Puis tu m'as embrassé, ce baiser était notre dernier. Tu m'as demandé de garder ton verre, dans lequel j'ai versé la moitié du Martinom.

J'avais fait des recherches, et savais que comme ça tu mourrai plus doucement et sans aucune souffrance. Je t'ai rendu ton verre.

Tu l'as porté à tes lèvres. J'aurais voulu te crier d’arrêter mais je n'avais plus de voix. Mon corps tout entier te hurlait de ne pas boire. J'ai espéré jusqu'au bout que tu ne l'avalerais pas, que tu le recracherais. Hélas, tu t'es désaltéré avec ce verre contenant du poison.

C'était trop pour moi. J'ai couru dehors et me suis assise en pleurs sur les escaliers devant le gymnase. Mon mascara avait coulé, le froid glacial s'en prenait à chacun de mes membres mais cela m'importait peu. JE T'AI TUÉ !

Toi, mon Félix, mon chat, l'amour de ma vie. Je t'aimais, tu m'aimais et je t'ai tué !

Tu es arrivé et tu m'as demandé ce qui s'était passé.

« J'ai versé du poison dans ton verre, j'ai hurlé. Je t'aime et j'ai versé du poison dans ton verre ! Tu es la meilleur chose qui me sois arrivée et je t'ai tué. »

Je me suis remise à pleurer, tu m'as prisa dans tes bras me demandant d'expliquer calmement la situation.

« J'ai versé du poison dans ton verre. Tu vas mourir dans six heures. Je suis désolée. Je t'aime, t'ai-je dis entre deux sanglots »

Tu t'es levé, m'as embrassé sur le front et m'as dis :

« Je t'aime aussi. Adieu ma Eléonaure ». Puis tu es parti.

Je t'aime mon Félix, même après mon acte. Je n'ai jamais cessé de t'aimer. Je t'en supplie, à genoux s'il le faut, pardonne-moi. <3

Ce soir là, je me suis endormie sur les escaliers. J'ai « appris » ta mort le lendemain, dans les journaux. La police m'a remis la lettre que tu serrais dans tes mains, et qui m'était adressée.

Je ne l'ai toujours pas ouverte, j'attends d’être prête.

La Horde Noire m'a rendu ma sœur deux jours après ta mort. Quand elle a compris ce que j'avais fait, elle a juré de ne plus jamais me parler et est retourné vivre chez notre tante comme après la mort de nos parents.

Ayant tout perdu, j'ai intégré la Horde Noire. Pendant deux mois, je les ai espionnés, j'ai découvert chacune de leurs combines. J'ai tellement bien endossé le rôle qu'ils me surnommaient Le vent de la Mort.

Je suis ensuite allée à la police. Je les ai dénoncés et ai avoué t'avoir tué.

Au tribunal,je n'ai pas engagé d'avocat, ma cause n'est pas défendable. J'ai tout fait pour obtenir une punition égale à ce que je t'ai fait. Mais la peine de mort n'existe plus et ma sentence fut uniquement la prison à perpétuité.

J'y ai passé les trois derniers mois, enfermée dans ma cellule, en ne pensant qu'à toi.

Je nous revoyais sur le pont, échangeant notre premier baiser. Dans la cour, le premier jour où ton regard a croisé le mien et que j'ai été frappée par l'amour.

Puis je me suis décidé à t'écrire cette lettre, pour que tu me pardonnes. Mais surtout, mon cher Félix, pour que tu saches que je t'aimais, que je t’aime et que je t'aimerai toujours.

Quand j'aurai fini cette lettre, j'avalerai l'autre moitié du Martinom, m’allongerai sur le lit et lirai ta lettre.

Je t'aime <3.

Rédigé par Eléonaure (mais c'est toujours Fanny)

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :